La solidarité internationale est un volet de la solidarité...

lundi 1er décembre 2014
par  Philippe Savoye

Le collectif ASI est une association qui regroupe deux douzaines d’associations œuvrant dans le secteur de la solidarité internationale, ainsi que des structures partenaires car, si chacune reste autonome, il est essentiel de travailler en réseau, créer des synergies. En effet, les questions qu’elles se posent sont de même ordre et que la dimension politique doit être portée collectivement : la solidarité internationale est un volet de la Solidarité… La clôture de cette 8e SSI en Grésivaudan, à Emmaüs, en est une nouvelle fois le symbole.

Le collectif pas choisi un thème unique pour cette SSI mais s’enrichit des partenariats, avec centres culturels, médiathèque, lycée, etc. ce qui nous permet d’aborder des thèmes comme la réalité des migrations, les enfants soldats, l’éducation, l’acceptation de l’autre dans la différence, la rencontre au bout du monde, les préjugés…

Ici même, l’an passé, dans le cadre de l’animation « circulez… Y’a tout à voir ! » nous avions évoqué le drame où 360 migrants, ont perdu la vie au large des côtes de Lampedusa… « Plus jamais ça disait-on ». Savez-vous que de janvier à septembre 2014 (dixit l’organisation internationale des migrations qui regroupe 16 pays) tous les records (funeste record !!!) ont été battus : 3072 personnes (répertoriées) ont disparu en Méditerranée. Je ne m’appesantirai pas dessus, mais nous ne pouvions manquer de témoigner d’une telle réalité inqualifiable ! Comme l’évoque Gus Massiah, économiste, la crise de civilisation qui découle de l’interpellation des rapports entre l’espèce humaine et la nature qui ont défini la modernité occidentale, trois conceptions se dégagent pour l’avenir :
-  Le renforcement du néolibéralisme par la financiarisation de la nature
-  Un réaménagement du capitalisme fondé sur une régulation publique et une modernisation sociale
-  Une rupture ouvrant sur une transition écologique, sociale et démocratique basée sur l’accès aux droits pour tous et l’égalité des droits, du local au planétaire : liberté de circulation, souveraineté alimentaire, les droits de la nature, etc. ce qui signifie rompre la subordination du politique au financier. Le choix est simple, la réalité complexe, les égoïsmes pesant… Oxfam, dans son dernier rapport "À égalité ! Il est temps de mettre fin aux inégalités extrêmes » précise qu’au Nord comme au Sud, le fossé entre les riches et les pauvres se creuse. En 2014, 85 personnes dans le monde détiennent autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité et 1 % le plus riche a accaparé 95 % de la croissance à partir de la « reprise » de 2009 ! En France, nous ne sommes pas mieux lotis ; les 1% les plus riches possèdent autant que les 70% les moins aisés de la population, soit 46 millions de personnes ! Les fortunes cumulées des familles Bettencourt et Arnault représentent presque autant que ce que possèdent les 20 millions de Français les plus pauvres. Ces inégalités extrêmes corrompent la politique et freinent la croissance économique exacerbent les inégalités entre hommes et femmes, et engendrent une série de problèmes sanitaires et sociaux, condamnent certaines familles à rester pauvres de génération en génération, alimentent les conflits violents. Leurs conséquences corrosives nous affectent tous, mais les répercussions sont pires pour les personnes les plus pauvres. En septembre 2015, les Nations-Unies adopteront des Objectifs de Développement Durable à vocation universelle qui feront suite aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000, qui n’ont pas éradiqué la pauvreté, ni réduit les inégalités et pas davantage permis aux Etats de l’OCDE d’atteindre leur engagement de consacrer 0.7% de leur RNB à l’Aide publique au développement (dont le premier engagement remonte à… 1970 !!!). (France 0,40 % de son revenu national brut (RNB) à l’APD en 2013, contre 0,45% en 2012 et 0,46% en 2011)…. Et ce n’est pas la déclaration de l’ONU 201, année internationale de l’agriculture familiale qui règle le problème… Le premier objectif des OMD (cible 3) n’est pas d’éradiquer la faim dans le monde, mais de réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la population souffrant de la faim. Si de 1992 à 2013, le nombre de personnes souffrant de la faim a diminué de 17 % (de 1015 à 842 millions) en Afrique subsaharienne elle a augmenté de 29 % (de 173 à 223 millions… Sachant que les ¾ sont de ces populations sont des agriculteurs !. Une personne sur cinq vit dans l’extrême pauvreté et une personne sur 8 souffre de la faim. La pauvreté est un phénomène multidimensionnel qui ne peut se résumer à un critère financier. L’accès à la santé, à l’éducation, à la sécurité sociale, au développement des capacités sont autant de facteurs qui nuisent au développement. La faim n’est pas une fatalité, car Il y a suffisamment de nourriture pour tout le monde et il ne faut aucune révolution scientifique pour combattre ce fléau : le savoir faire paysan combiné à une véritable volonté politique sont capables de relever le défi. Eradiquer la faim, c’est permettre à tous les humains de vivre dignement, favoriser l’accès aux droits à la santé, à l’éducation, le développement économique, mais c’est aussi promouvoir la paix,… Un impôt de seulement 0,47 % sur les milliardaires suffiraient à éradiquer la faim Le deuxième objectif vise à ce que tous les enfants, garçons et filles, puissent bénéficier d’ici 2015 d’un cycle complet d’études primaires. L’Unicef estimait à 101 millions le nombre d’enfants non scolarisés en 1990. Réels progrès, mais… Aujourd’hui ils sont évalués à une fourchette entre 58 et 62 millions. On est loin du compte ! C’est dans cet esprit de témoigner auprès des enfants, des jeunes, des adultes, ici, concrètement, que le collectif vient de réaliser l’exposition « je vais à l’école » à partir des partenariats dans de nombreux pays, Vous pouvez la voir aujourd’hui dans ces locaux et nous allons la faire tourner dans le Grésivaudan durant les prochains mois. Mais qui aide qui ? Il faut dénoncer le scandale passé sous silence ! L’envoi des ressources par les migrants (350 milliards de dollars) représente 2,6 fois l’APD… et le rapatriement des profits des transnationales dans ces mêmes pays par le pillage des ressources naturelles, est de 678 milliards en 2012), soit 5 fois l’aide apportée par les pays riches

Les actions de nos associations (ici et là-bas) sont bien modestes au regard de ces réalités qui nous dépassent… Pierre Rabhi cite souvent une légende amérindienne : Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observent impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ». Et le colibri lui répond : « Je le sais, mais je fais ma part. »

La SSI, c’est affirmer des choix, témoigner d’initiatives, combattre des idées reçues, sensibiliser aux réalités… sans oublier que la solidarité c’est la chaleur des rapports humains, la convivialité… c’est aussi pour ça que nous sommes là aujourd’hui ! Alors, soyons individuellement et collectivement des petits colibris…
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-  (2013) : 0,7 % de la population mondiale (32 millions de personnes) accaparent 41 % de la richesse mondiale et 68,7 % (3,2 milliards d’adultes) ont 3 %
-  Total qui a fait un bénéfice de 10 milliards d’euros en 2010 n’a payé aucun impôt
-  Si l’on instaurait aujourd’hui un impôt de 1,5% sur les fortunes des milliardaires du monde, les recettes annuelles pourraient permettre de scolariser tous les enfants sur cette planète et d’offrir une couverture santé universelle dans les pays les plus pauvres.
-  En Afrique 0,01 % de la population s’octroie 60 % du PIB
-  En terme de revenu le monde est plus inégal qu’en… 1870 !
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-  L’an passé lampédusa… il y a un an choc de 360 migrants ayant perdu la vie au large des côtes de Lampedusa… Plus jamais ça disait-on. Savez-vou que l’année
-  L’organisation internationale des migrations dont 16 pays sont membres précisent que de janvier à septembre 2014, 3072 personnes (répertoriées) ont disparu en Méditerranée Circulez… y’a tout à voir ! Agir là-bas… mais tout d’abord ici ! Pourquoi ? Il y a un an, la maire de Lampedusa Giusi Nicolini écrivait une lettre pour tenter d’alerter les Européens. (extraits) « Je suis la nouvelle maire des îles de Lampedusa et Linosa. [...] J’ai déjà reçu 21 cadavres de personnes noyées qui tentaient d’atteindre Lampedusa et pour moi c’est tout simplement insupportable. C’est un énorme fardeau de douleur. Je ne comprends pas qu’une telle tragédie puisse être considérée comme normale, comme s’il était possible de ne pas être obsédé chaque jour par l’idée, par exemple, que onze personnes dont huit très jeunes femmes et deux garçons de 11 et 13 ans meurent tous ensemble pendant un voyage qui aurait dû être pour eux le début d’une nouvelle vie… Je suis indignée par le sentiment d’habitude qui semble avoir envahi le monde, je suis scandalisée par le silence de l’Europe qui vient de recevoir le prix Nobel de la Paix, et qui est silencieuse face à une tragédie qui fait autant de victimes qu’une guerre. Je suis de plus en plus convaincue que la politique d’immigration européenne considère ce bilan de vies humaines comme un moyen de modérer le flux migratoire, quand ce n’est pas un moyen de dissuasion. Mais si le voyage en bateau est pour ces personnes la seule façon d’espérer, je crois que leur mort en mer doit être pour l’Europe un sujet de honte et de déshonneur. [...] » 10 ou 20 ça ne compte pas… 300 ou 400 morts oui, on en parle quelques jours et la page se tourne pour les passer en « en pertes et profits ». On ne peut pas accueillir toute la misère du monde disait Michel Rocard, soit. La France, l’Europe, sont en crise, soit Enfin pas la crise pour tout le monde… Reprenant le classement de l’hebdomadaire « Challenges » le quotidien Le Monde du 10 juillet dernier précise : Bas du formulaire les 500 premières fortunes de France ne connaissent pas la crise et ont même vu leur richesse globale augmenter de près d’un quart en un an. Elle a quadruplé en une décennie. Et comme chacun sait, les migrants, ici, sont des profiteurs (chiffres 2010) Ils coûtent très chers : Les allocations qu’ils touchent s’élèvent à 48 milliards (retraites 16.3 milliards – prestations de santé 11.5 – allocations familiales 6.7 – allocations chômage 5 – éducation 4.2 – aides au logement 2.5 – RMI 1.7)… Mais par ailleurs Ils participent à l’effort de solidarité nationale en versant plus de 60 milliards par an de cotisations sociales, d’impôts et de TVA. Solde de 12 milliards… des chiffres bien loin des discours stéréotypés entendus à longueur de journée !

Savez-vous que lorsque nos pays riches donnent « 1 » aux pays dits en voie de développement, ils récupèrent « 10 », via les ressources naturelles, les minerais. Il s’agit d’un véritable pillage, Quand on fait un compte économique, on s’aperçoit que c’est le Sud qui finance le Nord

Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation : la production mondiale permet en l’état actuel de nourrir 12 milliards d’individus. Nous sommes 7 milliards, et un milliard ne mange pas à sa faim : aux trois quarts se sont des paysans ? Où est le problème ?

L’exemple courageux de la Norvège. Dans les années 80, la Norvège exporte des bateaux, notamment vers 5 pays (Equateur, Egypte, Jamaïque, Pérou, Sierra Leone). Une enquête parlementaire en 2006 prouve que ces ventes avaient pour seul objectif d’éviter des troubles sociaux par suite de l’absence de commandes dans les chantiers navals. Elle reconnaît sa responsabilité dans l’endettement illégitime de ces pays et annule le montant de ces créances. Affirmer des choix, Témoigner d’initiatives (et les associations du collectif atteste de populations qui, dans des situations difficiles et parfois au péril de leur vie des gens, se mobilisent), Sensibiliser aux réalités, Combattre des idées reçues, Voilà à quoi sert la SSI

… sans oublier que la solidarité c’est la convivialité, la chaleur des rapports humains, et savoir faire la fête… c’est aussi pour ça que nous sommes là aujourd’hui !

En septembre 2015, les Nations-Unies adopteront des Objectifs de Développement Durable à vocation universelle. Ces ODD prendront la suite des OMD adoptés en 2000, qui n’ont été que partiellement atteints et n’ont réussi ni à éradiquer la pauvreté, ni à réduire les inégalités. La question du financement des ODD, qui vont nécessiter des moyens très importants de mise en oeuvre, est posée. Malheureusement, l’heure est au désengagement des Etats et à la place de plus en plus importante confiée au secteur privé marchand (notamment aux multinationales). Or, sans la mise en place de normes contraignantes en matière de RSE et de lutte contre l’évasion fiscale, rien ne garantit qu’il jouera le rôle que les Etats cherchent à lui déléguer. Dans ce contexte, quelle est la marge de manœuvre des organisations de la société civile et quelle place doivent-elles prendre ?


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